C’est quoi la psychomotricité?

Restaurer le lien entre corps et esprit
La psychomotricité semble être parfois difficile à cerner par le grand public. Nous pourrions le comprendre par son enchevêtrement entre les termes : psychologie et motricité. Elle est, en effet, une discipline au cœur, à l’intersection, de plusieurs domaines : l’affectif, le cognitif et le corporel. Il est donc question ici de venir interroger cette croisée des chemins chez le bénéficiaire.
La psychomotricité est donc une discipline qui vise à prendre en charge les troubles du développement psychomoteur du bébé jusqu’à la personne en fin de vie. Elle combine des approches thérapeutiques variées, telles que la stimulation sensorielle, la relaxation, la médiation corporelle et gestuelle, les activités spontanées, la rééducation motrice, etc. Elle a pour objectif de favoriser l’équilibre psychomoteur et le bien-être global.
Selon l’Union Professionnelle Belge des Psychomotriciens Francophones (UPBPF) : le psychomotricien considère le corps, et plus particulièrement la mise en action tonique et corporelle, comme le fondement de la construction psychique. A partir de son engagement corporel et du dialogue tonico-émotionnel avec son patient, il s’emploie, par des compétences techniques et relationnelles, à construire avec lui des expériences corporelles qui lui permettent d’instaurer ou de restaurer le lien entre le somatique (NDLR: corps) et le psychique (NDLR: esprit).
Ses spécificités sont notamment le dialogue tonico-émotionnel, la relation, le processus de symbolisation.
Soyons concrets
A titre d’exemple, dans le cas d’une prise en charge d’un enfant dans une séance collective, le psychomotricien va observer ce que l’enfant donne à voir de lui dans sa relation à soi; à savoir son identité corporelle (tonus, axe, mobilité, gestualité, etc.) et comment il entre en relation avec l’autre (ses pairs et l’adulte, psychomotricien). S’il est ou non ajusté. Le psychomotricien se met en jeu avec lui et vient ressentir dans son propre corps cette relation à l’autre. Il se laisse imprimer par cette relation (au niveau psychique, affectif et corporel). D’autres éléments sont aussi pris en compte tels que sa relation à l’espace, au temps et à l’objet.
Au final, le psychomotricien obtient une photographie de la dynamique psychocorporelle de l’enfant et partage ensuite ses compétences et ses points d’évolution auprès du demandeur/envoyeur (parents, instituteur, centre PMS, etc.)
Autre exemple, peut-être plus parlant. Lorsque vous vous mettez en colère. Que ressentez-vous dans votre corps? Une tension. Une crispation, peut-être? Votre corps se tend. Votre tonus musculaire a augmenté sous la pression de votre état émotionnel. Lorsque vous vous remettez de cette crise, vous vous apaisez. Votre corps se détend. Votre tonus musculaire diminue. Voilà une brève illustration comment le lien entre corps et l’esprit se manifeste. Dans des cas pathologiques ou questionnants, cet état de tension se maintient ou des bribes de cet état perdure dans le temps; et la personne se construit avec celui-ci. Le psychomotricien vient alors décrypter cet état en l’observant, l’analysant et en le ressentant dans son propre corps. Il tente ensuite de venir huiler cette mécanique et adoucir, apaiser cet état. Sans faire de la magie, juste ouvrir le champ en proposant un ajustement tonique.
Domaines d’intervention
Lorsque nous observons les chiffres des principaux envoyeurs, tels que les médecins, les institutions, les écoles ou les centre psycho-médico-social (CPMS), on remarque qu’il y a une diversité dans les raisons pour lesquelles les psychomotriciens sont interpellés. Sans vouloir être exhaustif, en voici une liste des domaines d’intervention d’un psychomotricien professionnel :
- Développement psychomoteur des enfants (de la petite enfance à l’adolescence).
- Troubles neuro-développementaux (troubles du spectre de l’autisme (TSA), troubles de l’attention, hyperactivité (TDAH)).
- Retards moteurs, troubles de la coordination (dyspraxie).
- Troubles du comportement et de l’adaptation sociale.
- Troubles de la communication et de l’expression corporelle.
Plus d’infos sur les domaines d’intervention sur le site de l’Union Professionnelle Belge des Psychomotriciens Francophones (UPBPF)
En pleine évolution
Qui n’a pas entendu le terme psychomotricité à l’école fondamentale? Qui ne confond pas encore la psychomotricité avec la gymnastique pour les enfants? Découvrez d’ailleurs vos questions fréquentes dans les FAQ.
C’est bien naturel. La psychomotricité est un métier jeune et récent; mais elle a évolué; et reste encore parfois floue pour le grand public. Pour rappel, la psychomotricité s’est construite au fil des décennies en s’appuyant sur de grands noms (Wallon, Piaget, Winnicott, Ajuriaguerra, Anzieu, etc.) venant de disciplines différentes telles que la psychologie et les neurosciences; lui donnant ses premières lettres de noblesse.
De nos jours, le métier est toujours nourri par des spécialistes tels que Robert-Ouvray, Aucouturier et Potel. Aujourd’hui, la psychomotricité est donc une discipline au centre de besoins de la population en lien avec leur corps. A l’heure de la dématérialisation, du tout-digital, un regain d’intérêt pour le corps se fait de plus en plus sentir. Retrouver des sensations. Retrouver une mobilité. Retrouver du vivant. Retrouver du lien avec soi, et avec l’autre.
Par ailleurs, le métier de psychomotricien a développé une reconnaissance claire et évidente sur le terrain. En effet, les besoins sont réels et se vérifient notamment par l’augmentation de l’intervention des mutualités par l’intermédiaire de leur assurance complémentaire et par l’augmentation des remboursements des bénéficiaires par cette même assurance. Malgré la reconnaissance du diplôme de bachelier en psychomotricité par la Fédération Wallonie-Bruxelles, et le besoin sur le terrain, le psychomotricien ne peut encore prétendre à un remboursement des séances par l’assurance obligatoire (via les attestation de soins) tels que les autres métiers du paramédical, comme les kinésithérapeutes. L’UPBPF poursuit ce travail de reconnaissance afin de pourvoir obtenir un meilleur remboursement pour les bénéficiaires.
